La
Fondation DK
Devenir Vrai 3
Quelle est la
Fonction de la Spiritualité?
Même si nous
ne savons peut-être pas toujours pourquoi, nous espérons que le fait de
se dédier à un processus que nous qualifions de spirituel, va améliorer
nos vies. Mais bien souvent il n’y a ni l’intérêt ni la tendance à
regarder plus loin que notre récompense personnelle sous la forme de
sérénité ou d’expériences sortant de l’ordinaire. En effet, il n’existe
peut-être aucune conscience qu’il y a d’autres aspects à la
spiritualité ou qu’elle doit empreindre la vie quotidienne, tel l’eau
qui imbibe une éponge.

N’exportons
pas l’étroitesse d’esprit religieuse dans le domaine plus vaste de la
spiritualité en assumant que seul ceux qui travaillent consciemment avec
des idées et des concepts spirituels peuvent avancer. Cela équivaut à
de l’arrogance et de l’exclusivité. Les idées spirituelles en
circulation à un moment donné dans une culture particulière ne seront
jamais que des aspects de la Vérité. Le présent n’est pas une
exception à cette règle. A coté de tout ce que nous savons, il y a tout
ce que nous ignorons. Quel que soit notre engagement spirituel, nous ne
faisons qu’entrevoir un aspect de la Vérité, un aspect qui implique
une logique interne qui lui est propre et avec laquelle il est possible de
travailler. N’oublions pas cela.
C’est la vie
dans toute sa diversité et le fait de la vivre qui garantit le progrès
de l’humanité.
Nous nous créons des opportunités les uns les autres en vertu du fait de
qui et de ce que nous sommes ici sur cette planète. Ce que nous émettons
nous est renvoyé, même si cela se produit à travers une autre personne
ou une situation différente. Ceux parmi nous qui ont consciemment adopté
des idées spirituelles en obtiennent de la définition et de la force;
mais dans notre vie quotidienne nous sommes appuyés par le travail et les
efforts de tous les autres. N’oublions pas cela non plus.
C’est en
tant qu’une famille que l’humanité avance: ceux ayant consciemment
embrassé le développement spirituel et ceux qui ne s’en préoccupent
pas; ceux dont les convictions religieuses ressemblent à la nôtre et
ceux qui en ont d’autres ou qui n’en ont pas; ceux qui se sont
consciemment tournés vers Dieu et ceux qui s’en sont détournés.
« Le
monde est un monde, et sa souffrance est une, en vérité l’humanité
est une unité… Les péchés de l’humanité sont aussi un seul péché,
son but est un, et c’est en tant
qu’une grande famille humaine que nous devons émerger dans le futur. »
[1]
Le processus
de la vie engendre des situations auxquelles nous réagissons tous, peu
importe nos convictions spirituelles et religieuses. C’est la réaction
intérieure qui compte, la réponse que nous donnons à partir du point
où nous en sommes, pas la pensée et les idées du moment, qui
conditionnent cette réaction. Elles sont simplement telle la structure
qui maintient une plante.
Une réaction
positive et considérée profitera toujours à la famille humaine et à
notre planète en même temps qu’à l’individu qui la génère, peu
importe si cet individu a consciemment adopté un but spirituel. La
responsabilité démontrée par une personne qui n’a pas de conviction
religieuse ou spirituelle est tout aussi acceptable du point de vue divin,
que celle d’une personne ayant des convictions religieuses. Certains des
membres les plus avancés de la famille humaine ont été des hommes et
des femmes d’action plutôt que de contemplation, dont l’allégeance
était à la vie elle-même. De telles personnes sont souvent fortement
influencées par le Premier Rayon, et leur manque d’intérêt pour les
concepts et idées fait qu’il est difficile pour ceux du Deuxième et
Troisième Rayon de les reconnaître en tant qu’êtres spirituels et
conscients.
Nous
avons façonné Dieu à notre image et nous Lui avons imposé des limites,
le rendant aussi sélectif et catégorique
que nous. Dieu sous Son aspect
immanent est la vie du système solaire. Il contient toute sa variété.
Il n’a pas besoin d’une famille de croyants usant de Son nom ou
étalant leurs opinions spirituelles à tout va; il a besoin d’une
famille d’individus qui prennent part à l’expérience de la vie de
façon entière, consciente et respectueuse.
Les
idées appartenant aux traditions spirituelles et religieuses sont comme
la levure dans la pâte. Elles
créent le processus de fermentation, mais ne constituent pas le pain en
elles-mêmes. Néanmoins, plus il y aura de gens travaillant consciemment
et positivement, sachant comment éviter la négativité et la
destructivité, plus il y aura de possibilités pour l’humanité
entière. Pour qu’il y ait du progrès, le positif doit surpasser le
négatif, aussi bien individuellement que collectivement dans la famille
humaine. Les enseignements religieux et spirituels ont de tout temps
offert des modes de pensée et de compréhension conçus afin d’accroître
une réponse positive et de faire prendre conscience de l’interdépendance
de toutes choses.
Le but de la
spiritualité par conséquent est d’élever la conscience de l’individu
et par cela accroître les opportunités de la collectivité. L’évolution
est un tapis roulant qui nous emporte tout au long de son parcours. Il n’est
pas nécessaire que tous soient conscients, mais des êtres conscients
sont nécessaires afin de le maintenir en mouvement. Les idées qui ont
constitué le Nouvel Age ont beaucoup aidé à développer l’idée du
développement individuel. Elles représentent un défi par rapport à
notre sort personnel et ouvrent de nouvelles possibilités pour l’individu
ainsi que pour la famille humaine, de même que pour la grande existence
planétaire dont nous faisons partie.
Mais beaucoup
de ces idées contiennent aussi les germes de la restriction parce qu’elles
mènent à une certaine exclusivité, à un sentiment de supériorité et
à l’illusion, des caractéristiques de la personnalité qui engendrent
la négativité. Ou alors elles ont perdu de vue le besoin d’effort lent
et soutenu. Les buts et attentes irréalistes augmentent la possibilité d’un
contrecoup menant au désespoir et au cynisme. Tant de ces idées, en
particulier celles qui accentuent la facilité et l’immédiateté, ne
valent qu’en temps de prospérité. Elles ne sont pas fausses pour
autant – en effet, il y a matière à douter de l’existence de
mensonges absolus – mais elles manquent de perspective ou ont été
ôtées de leur contexte et se révéleront inadéquates dans les réels
moments d’adversité.
Si certains
chapitres de ce livre résonnent de manière critique, ceci en est la
raison: plus nous avons des attentes irréalistes, plus grand sera l’impact
du contrecoup et de la négativité qui en résulte.
Même si le
potentiel d’évolution dans la famille humaine en tant qu’unité n’a
jamais été aussi important maintenant que le concept d’individualité
a trouvé sa place dans la conscience et est devenu un catalyseur, sur le
plan physique les conditions deviendront de plus en plus difficiles dans
le siècle à venir [ le 21ème ]. Nous aurons besoin d’une
compréhension plus adéquate de ce qu’implique le processus que nous
appelons spiritualité. Nous devons devenir vrais (réalistes) par rapport
à nous-mêmes, par rapport à ce que nous faisons ainsi que par rapport
à ce que nous comptons réellement accomplir. Le progrès sera toujours
accompagné de souffrance et demandera toujours des efforts, au lieu de
prendre ses désirs pour des réalités; le progrès spirituel impliquera
toujours la transformation d’énergie, la transmutation de l’inférieur
vers le supérieur.
Notre
spiritualité doit englober le quotidien. Elle doit commencer chez nous,
dans nos maisons et dans notre environnement quotidien, avec ceux que nous
fréquentons régulièrement. Comme cela a toujours été le cas – il s’agit
d’être prêt à écouter notre conscience et d’agir en fonction de ce
qu’elle nous communique. Il s’agit de la volonté d’évaluer une
situation de façon honnête, peu importe ce qu’il en coûte à notre
confort personnel. Il s’agit de l’autodiscipline qui nous permet de
faire quelque chose, que ce soit changer une situation de vie ou effectuer
une routine, parce que nous savons que cela doit être fait. L’enseignant
Gurdjieff ne put s’empêcher de commenter, dans son style typiquement
brusque, la situation désespérée des personnes aspirant aux secrets de
l’univers, alors qu’ils ne sont même pas capables de poster une
lettre eux-mêmes.[2]
Ou de nettoyer leur demeure. Les gens vivant ou travaillant dans des
maisons et lieux sales et désordonnés doivent clarifier
leur situation par rapport au plan
physique avant de pouvoir devenir un puissant canal de transmission de
sagesse ou d’énergie de guérison, quelle que soit l’ampleur du
désir d’aider leurs semblables.
Ce serait aussi inacceptable qu’un médecin aux mains sales qui examine
un patient. La négativité prospère dans la saleté et le désordre.
Remettre nos esprits en ordre d’une certaine manière nous permet d’inhiber
ce qui est inférieur et d’attirer une énergie supérieure. Ceci est la
base de la méditation.
Produire
certains sons, c’est à dire créer certains motifs sur le plan
éthérique, a le même effet. Ceci est la logique derrière les mantras,
les chants, ainsi que le yoga qui implique le positionnement de nos corps
dans certaines positions afin de nous ouvrir à certaines énergies. Nous
dessinons certains symboles soit sur le plan physique soit sur le plan
astral, par exemple le pentacle, pour attirer certains types d’énergies.
Pourquoi alors les motifs crées par le contenu de nos habitations et de
nos emplacements de travail n’auraient-ils pas la même capacité d’attraction?
Elles l’ont et elles le font. Ceci est la base du Feng Shui.
Pourtant il y
a une tendance à négliger l’importance de l’ordre et la propreté
personnelle et domestique lorsque l’on se concentre sur des objectifs
plus ‘significatifs’. Refusant souvent de prendre en considération
ces affaires banales et triviales, nous nous trompons grandement lorsque
nous pensons que de telles routines génératrices d’ordre dans la vie
quotidienne sont sans signification spirituelle. Ignorer le plan physique
est comme construire un édifice sans les fondations.
Toute
organisation spirituelle ayant des locaux qui sont sales et désordonnés
a perdu de vue quelque chose d’important. Il n’y a aucune exception à
cette assertion. La même chose vaut pour un enseignant spirituel dont le
physique est sale ou désordonné – et, pourrait-on ajouter, dont l’aspect
émotionnel est en désordre, même si cela est plus difficile à
détecter au début de l’association.
Tant qu’elle
règne, la séparation entre le matériel et le spirituel nous limite. Il
n’y a que énergie, vibrant à des fréquences différentes afin de nous
offrir la variété de manifestation. Dans le siècle qui vient de s’écouler,
Einstein prouva à l’esprit moderne et scientifique ce que l’ésotérisme
a toujours su: que la matière équivaut à l’énergie.
Les motifs que
contiennent nos esprits et ceux que nous créons avec nos corps et avec
les objets dont nous nous entourons, déterminent ce que nous attirons.
Nous ne pouvons pas nous permettre de nous détourner du quotidien, aussi
peu attrayant ou loin de nos idéaux qu’il puisse nous paraître. Notre
spiritualité ne vaut rien si elle ne nous aide pas à gérer la vie telle
qu’elle se présente à nous et si elle ne nous permet pas d’atteindre
une certaine maîtrise de nous-même et de nos environnements. Les
circonstances de la vie quotidienne sont notre portail vers un monde
supérieur. Néanmoins, garder la foi en nos idéaux et visualiser un
futur dans lequel nous sommes, en tant qu’individus ainsi que l’humanité
entière, plus conscients, plus compatissants et plus alignés à la
volonté de Dieu, a une valeur incomparable, pour autant que nous n’oublions
pas que cela est le futur et non la réalité d’aujourd’hui, et que
cet idéal doit être nourri par une pensée déterminée.
L’énergie
suit la pensée, car la pensée, elle aussi, crée des motifs. Il n’y a
qu’énergie, et la pensée équivaut à l’énergie. Ceci est l’essence
de la visualisation créative et c’est la raison pour laquelle, pour
paraphraser Djwhal Khul, ‘Quel que soit le désir de l’humanité,
toujours elle l’a satisfait.’
Nous tous
vivons avec le fruit et les conséquences de ce que nous avons désiré,
en tant qu’individus et collectivement. Nous vivons avec afin d’arriver
à nous comprendre et à comprendre la valeur de ces choses par rapport
notre identité authentique qui finit par émerger. Alors nous pouvons
apprendre à désirer de façon plus sage et plus avertie. Finalement,
nous pourrons remplacer le désir par la volonté.
Ce processus
nous a donné l’histoire que l’humanité a écrite depuis la nuit des
temps, avec ses agonies et ses extases, saints et pêcheurs, héros et
méchants, diamants et rouille. Ce sont tous des éléments reliés et
interactifs d’une unique histoire. Nous ne pouvons pas changer les
règles du jeu ni changer la façon dont se processus se développe, mais
nous sommes en mesure d’apprendre qu’il est gouverné par des lois et
nous pouvons nous donner la peine de découvrir ces lois et d’apprendre
comment travailler avec au mieux. Ceci est ce que Djwhal Khul, s’adressant
à une génération précédente, appela ‘vivre de façon scientifique’
et que, à l’aube du vingt-et-unième siècle, nous appelons, devenir
vrai.
[1]
‘La Destinée des Nations’; Alice Bailey; publié par les Editions
Lucis
[2]
‘Fragments d’un enseignement inconnu’; P.D. Ouspensky; publié par
les Editions Stock